Interviews, Enquêtes, évènements incontournables et les actualités des adhérents d’Eurolarge Innovation… Tous les trimestres, la Bretagne Sailing Valley® News traite l’actualité économique et technologique de la voile de compétition bretonne. Découvrez ci-dessous l’interview de Damien Cailliau, directeur général de Marsaudon Composites.
Fondé en 1999 par Samuel Marsaudon, le chantier Marsaudon Composites, installé à Lorient La Base, a été repris début 2018 par Frédéric Blandin et Damien Cailliau. Directeur général et désormais seul aux commandes, ce dernier fait le point sur le développement de l’entreprise, spécialisée dans les catamarans de croisière performants.
Comment s’est développé le chantier depuis que vous l’avez repris ?
Il a évolué de manière assez importante : nous sommes passés d’une entreprise assez artisanale à ce que j’appelle une manufacture, quelque chose d’un peu plus industriel. Depuis 2018, nous avons énormément structuré l’entreprise, notamment au niveau de son outil de production. D’abord en investissant massivement dans l’outillage nécessaire au lancement de l’ORC 57, mais également, parce qu’il fallait moderniser, rationaliser et mettre aux normes les outils existants. Et le chantier ayant crû, nous avons aussi consenti des investissements importants autour des flux logistiques.
Vous parlez de croissance, pouvez-vous nous donner des chiffres ?
Nous étions à 4,5-5 millions d’euros de chiffre d’affaires et moins de 50 salariés au moment de la reprise, contre 8-9 millions d’euros et 80 à 85 aujourd’hui. Le business model a aussi évolué, dans le sens où Marsaudon Composites s’appuyait sur trois activités : la sous-traitance composite, la fabrication de bateaux prêts à naviguer en marque blanche, et sa marque propre, avec les TS42 et le premier exemplaire du TS5. Aujourd’hui, nous nous concentrons principalement sur la marque propre, qui a évolué – passant de TS à ORC (Ocean Rider Catamarans) – et s’est significativement enrichie, au point de représenter 90% de notre activité. EN 2018 le 42 pieds avait été produit à 10 exemplaires, on vient de livrer le 25e ; le 50 était naissant, on a livré le 19e, quant au 57, il n’existait pas, le premier exemplaire a été mis à l’eau en mars, le n°2 est en cours de finalisation, la construction des 3 et 4 est prête à démarrer. Nous n’avons pas, pour autant, laissé de côté la sous-traitance composite, qui reste une compétence clé. Nous sommes une entreprise lorientaise, qui se source au maximum auprès de fournisseurs et fabricants locaux, on veut contribuer à développer le pôle d’excellence qu’est la Bretagne Sailing Valley en mettant à disposition notre savoir-faire en matière d’infusion et notre étuve de 30 mètres de long qui a la capacité de cuire des pièces de très grande dimension.
Quel est l’état du marché aujourd’hui ?
C’est un marché en croissance, on constate un retour vers ces catamarans qui offrent de vraies sensations de voile et se démarquent des bateaux mettant l’habitabilité et le confort au premier plan. La plupart des autres opérateurs sont sur un positionnement plus proche du luxe, comme Gunboat ; nous, on est sur des bateaux plus sobres et épurés, avec des tarifs beaucoup plus bas. Aujourd’hui, notre clientèle est pour moitié française et pour moitié étrangère, mais la tendance est à une part croissante des étrangers, avec une demande croissante en Europe du Sud – notamment en Italie -, et du Nord (Belgique, Allemagne, Finlande…), ainsi qu’aux Etats-Unis.
Rencontrez-vous des difficultés pour vous développer ?
Les gros facteurs limitants sont le manque d’appétence pour les métiers de la construction navale composite, donc le recrutement, mais aussi la surface qui commence à manquer à Lorient si on veut s’agrandir mais aussi les coûts généraux, particulièrement des matières premières et de l’énergie, dont la hausse nous impacte forcément.
Vous aurez quatre ORC 50 au départ de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe (skippés par Loïc Escoffier, Halvard Mabire, Gwen Chapalain et Brieuc Maisonneuve), est-ce une belle exposition pour la marque ?
C’est extrêmement intéressant en termes d’image, l’occasion de démontrer la qualité et le potentiel de performance du produit, mais c’est à double tranchant car le risque, c’est qu’il soit identifié comme un bateau de course, et donc de voir des clients passer à côté en considérant qu’il n’est pas fait pour eux. L’ORC 50 reste un bateau de croisière, son potentiel de performance peut permettre à certains de s’aligner sur des courses, à condition de le préparer en conséquence, mais ça n’en est qu’une application extrême, marginale. La preuve : seuls 6 de nos bateaux régatent sur les 50 qui naviguent.
Pour recevoir en avant-première les articles, les news, l’agenda… Inscrivez-vous à la Newsletter Bretagne Sailing Valley®