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Défi Azimut 2024 : la Bretagne, fortement présente dans les bateaux du Vendée Globe, dévoile quelques pépites de la course au large à la presse8 min de lecture

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Du 11 au 15 septembre, Lorient et sa rade ont accueilli le Défi Azimut 2024-Lorient Agglomération. L’occasion pour une partie des skippers de la classe IMOCA de se roder deux mois avant de prendre le départ du Vendée Globe 2024. En marge de l’événement, BDI a invité la presse pour un voyage au cœur de l’écosystème breton de la voile de compétition, qui en coulisse, conçoit et fabrique les bateaux qui prendront le départ de la prochaine édition de cette course autour du monde. Sept entreprises ont ainsi pris la parole devant un parterre de journalistes pour présenter leur histoire et leurs projets en cours et à venir dans la course au large mais aussi dans d’autres secteurs où leurs compétences sont de plus en plus recherchées.

 

Des entreprises diversifiées et donc en bonne santé

Le Télégramme, L’Équipe, Le Journal des Entreprises… Plusieurs journalistes couvrant différents domaines ont eu l’occasion d’embarquer à la découverte de la Bretagne Sailing Valley®. Dans sa mission de valoriser les entreprises et les savoir-faire du territoire, BDI a organisé un voyage de presse en partenariat avec le Défi Azimut-Lorient Agglomération 2024. Objectif : donner un aperçu de la richesse de l’écosystème breton de la voile de compétition et dont l’expertise peut s’adapter à d’autres filières industrielles.

« Sur les 500 millions d’euros de chiffre d’affaires générés par les entreprises bretonnes de la voile de compétition, 25% seulement sont strictement dédiés à la course au large, a introduit Arnaud Cacquevel, responsable du pôle marketing chez BDI, citant l’étude menée par BDI sur les caractéristiques économiques de la filière course au large. 40% des emplois sont strictement occupés par la course au large. C’est bon signe car cela montre que les entreprises sont diversifiées et développent des savoir-faire technologiques applicables à d’autres secteurs, comme le transport maritime propulsé par le vent, le naval ou l’aérospatial. »

Cette diversification, les journalistes présents ont pu en avoir la preuve grâce aux pitchs des sept représentants d’entreprises présents. Morceaux choisis d’environ deux heures d’échanges.

 

 

La Bretagne, une chance pour la classe IMOCA

Antoine Mermod, président de la classe IMOCA : « Le chiffre d’affaires de l’IMOCA entre les années 2021, 2022, 2023 et 2024, donc le cycle du Vendée Globe 2024, se situe autour de 220, 230 millions d’euros qui ont été dépensés par les équipes. Pour les plus petites équipes le budget avoisine 500 000 euros. Pour les plus grosses, ça doit être un petit peu moins de 5 millions d’euros par an. Les plus petites équipes ont des effectifs permanents d’environ 5 personnes. Les plus importantes, jusqu’à 30. Sur ce budget annuel, 30% seront dédiés à l’équipe permanente et 60% iront au financement et à l’entretien du navire. Le reste sert aux frais de participation aux courses, à la logistique et aux déplacements divers. La classe a la chance de pouvoir s’appuyer sur l’expérience et le savoir-faire des acteurs de la sailing valley. L’écosystème est à la hauteur de l’enjeu pour les skippers qui partent sur le Vendée Globe durant 80-90 jours avec tous les aléas qu’un tour du monde comporte. »

Yann Penfornis, directeur général de Multiplast : « Multiplast a été créée en 1981 par Gilles Ollier, à un moment charnière pour la course au large et du sponsoring car nous étions quelques mois avant le départ de la première Route du Rhum. Au départ, l’idée était de calquer le mode de fonctionnement de la Formule 1 avec chantier et bureau d’études sur un même site. L’autre idée était de travailler avec des matériaux composites, des tissus fins, la fibre de verre, la fibre de carbone et des résines époxy et avec une fabrication sous vide. Aujourd’hui, l’entreprise fait partie du groupe Carboman, qui regroupe 250 personnes. Multiplast en dénombre 110 aujourd’hui répartis entre Vannes et l’antenne d’Auray qui s’appelle Ouest Composites. L’entreprise a diversifié ses activités. Nous sommes notamment associés au projet SolidSail pour concevoir les grands mâts carbone pour le transport maritime à la voile. Nous avons une entité à Marmande, qui fait de l’aéronautique. Nous avons également trois équipes spécialisées dans l’entretien de pales d’éoliennes. Cette activité regroupe l’expertise des composites, de l’éolien et de la réparation. »

Yann Dollo, directeur général adjoint de CDK Technologies : « CDK a été fondé en 1984 à Port-La Forêt. Depuis sa création, le chantier a fabriqué plus de 40 navires. En 2013, Stéphane Digard arrive chez CDK Technologies et le chantier a commencé à se développer. La course au large constitue 84% de notre chiffre d’affaires. En 2022, CDK a été racheté par Inspiring Sport Capital. La même année, nous avons acquis une petite société basée à La Rochelle, C3 Technologies. La construction de navires représente l’essentiel de notre activité, mais nous représentons également 50% du marché des foils pour la course au large française et nous fabriquons également des mâts. Tout ce qui est fait en composite sur un navire, nous pouvons le produire grâce à nos autoclaves et nos outils de cuisson. Nous sommes environ une centaine de salariés répartis entre Lorient et Port-La Forêt plus les 25 basés à La Rochelle. »

Frédéric Moreau co-gérant et directeur commercial d’All Purpose : « La voilerie All Purpose a été fondée en 1996 à la Trinité-sur-Mer. Nous sommes basés à Carnac. L’entreprise compte 23 personnes. Je pense qu’on est historiquement la voilerie qui a dû faire le plus de voiles pour la classe Mini avec environ 1 600. Nous grandissons avec les skippers qui passent de la classe Mini à la 40, l’Ocean 50 et l’IMOCA. 99% de notre production est faite en France. Le pourcent restant est dédié aux lattes ou aux pièces d’accastillage. La course au large représente 60% à 80% de notre chiffre d’affaires. Sur le prochain Vendée Globe on équipera à peu près 20% des voiles sur les bateaux. »

 

Lire aussi : All Purpose donne un Second Souffle aux voiles usagées de bateaux

 

Christian Dumard, PDG et cofondateur de Marine Weather Intelligence : « La société a été créée il y a un an et demi avec Basile Rochut. Nous sommes 12 personnes aujourd’hui à Auray. Nous travaillons sur l’apport de l’intelligence artificielle dans le routage, dans les alertes et dans les prévisions météo. L’IFREMER est entré dans notre capital et nous avons d’importants projets de recherche avec l’institut. Nous sommes également incubés par l’agence spatiale européenne. Nous travaillons principalement pour les organisateurs de courses. Notre expérience de la course au large nous permet de travailler également pour le transport de marchandise car nous avons une finesse d’analyse rare des données de vent, d’état de mer et de courant, etc. »

Stéphanie Cuzon, co-gérante de Pixel sur Mer : « L’entreprise a été créée en 2008 par Jean-François Cuzon, qui a été athlète de haut niveau en voile olympique. Nous équipons les navires de course en électronique et informatique. Nous développons, concevons et installons nos propres outils et nos propres produits depuis quelques années. Nous avons évidemment commencé dans la course au large, mais aujourd’hui nous avons plusieurs secteurs de marché comme le yachting, la grande plaisance et désormais le transport maritime, la défense et l’aéronautique. Pour le prochain Vendée Globe,  plusieurs bateaux sont équipés de ce nouveau produit sur la détection des objets en mer, qui s’appelle Exos, et qui est toujours en phase de développement. Nous le finalisons pour le départ du Vendée Globe. »

Renaud Bañuls, architecte naval, fondateur de BañulsDesign et de Share The Ocean : « Share The Ocean est un consortium scientifique qui a pour but de prévenir et de réduire les collisions entre les mammifères marins et les navires par un travail statistique, en croisant les données, sur les grands poissons et les mammifères et les routes des navires. Nous sommes associés à l’Université de la Rochelle, à l’Observatoire PELAGIS, qui est l’observatoire de la faune marine français, et à l’École polytechnique pour les méthodologies stochastiques. Aujourd’hui, ¼ de notre activité est focalisé sur la compétition, un autre quart sur le maritime, un autre sur la plaisance et enfin sur la protection de la biodiversité. Nous avons intégré dernièrement le panel d’experts sur les collisions de la Commission Baleinière Internationale. Cela nous permet d’échanger encore plus avec nos pairs. Aujourd’hui, nous travaillons avec toutes les universités du monde afin de collecter le maximum d’informations, de pouvoir les traiter et de proposer des zones d’évitement aux organisateurs de courses au large. »