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Success story

Maison Quéméner : la référence de l’Oignon de Roscoff7 min de lecture

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Située dans le Pays du Haut Léon, la Maison Quéméner est devenue, au fil des années, une référence en matière de production d’oignons de Roscoff. Descendants d’une lignée de Johnnies, ces paysans bretons ayant popularisé l’oignon outre-Manche dans les années 1960, Tiphaine et Eric ont repris l’exploitation familiale dès 2016. La fratrie a fait le choix d’une agriculture raisonnée et privilégie le circuit court pour écouler sa production. Membre du Collège Culinaire de France, la réputation de la Maison Quéméner n’est plus à faire chez les restaurateurs parisiens, livrés à vélo pour perpétuer la tradition familiale. Eric Quéméner évoque le développement de sa production dans le Finistère, valorisée par une Appellation d’origine protégée (AOP) et sur les circuits de distribution mis en place.

 

Faire perdurer l’histoire familiale des Johnnies

Après s’être éloignés de la ferme familiale de Kergus pour débuter leur vie professionnelle, Tiphaine et Eric Quéméner ont fait le choix de revenir sur l’exploitation en 2016. “Ma sœur travaillait dans le marketing pour le secteur de l’agroalimentaire et moi, j’avais intégré la filiale informatique d’une banque, retrace le second. Rien à voir donc, mais j’avais pourtant fait des études d’agronomie en amont. Et puis, nos parents s’approchaient peu à peu de l’âge de la retraite, entraînant l’arrêt prochain de l’activité. Nous trouvions dommage aussi de laisser tomber l’histoire familiale de notre exploitation. En effet, l’oignon de Roscoff était vendu en Grande-Bretagne par les Johnnies dès les années 1800-1850. Cette activité était très significative pour l’histoire locale. Nos arrière-grands-parents, nos grands-parents et notre père ont ainsi contribué à faire connaître cette spécialité locale outre-Manche. Notre goût d’entreprendre nous a donc finalement convaincus que c’était une évidence de reprendre l’exploitation, d’abord en double activité, puis à temps plein à partir de 2020”.

Devenue Maison Quéméner en 2021, la ferme revendique ainsi son origine bretonne. Aujourd’hui, le frère et la sœur travaillent en famille, toujours soutenus par leur père qui aime partager son expérience de plus de 40 ans comme Johnny aux visiteurs de passage. “Quelques salariés temporaires nous rejoignent aussi selon les pics d’activité, principalement pour les fortes périodes des visites d’août à octobre.”

 

Produit phare de la Maison Quéméner : l’oignon de Roscoff sous toutes ses formes

Obtenue en 2013, l’AOP Oignon de Roscoff délimite la zone de production à 24 communes du Haut-Léon, dans le Finistère. De couleur rose à rose cuivré, l’oignon de Roscoff produit sur les terres roscovites possède de fortes qualités gustatives reconnues et très appréciées, qu’il soit cuisiné en version crue ou cuite. “Nous souhaitons le proposer sous toutes ses formes et l’objectif est de devenir le référent sur ce produit. Vendu en vrac, en sac ou en tresse, nous le vendons aussi en poudre d’oignon déshydraté ou en confit depuis l’été dernier. Nous avons fait le choix d’externaliser la transformation au vu des contraintes sanitaires et des investissements nécessaires. Mais nos partenaires restent locaux, dans un rayon de 15 km autour de l’exploitation, et partagent la même philosophie, précise Eric. À côté, nous produisons aussi des légumes complémentaires, typiques du terroir local : ail et échalotes, pommes de terre, artichauts, choux-fleurs, choux verts frisés, choux chinois et choux raves… L’idée est de proposer une large gamme de légumes sur nos 10 hectares de terres, pour les particuliers que les professionnels.”

 

Une agriculture bio et raisonnée

Si l’AOP impose un cahier des charges précis, la culture et la préparation de l’oignon de Roscoff font appel à un savoir-faire ancestral. Eric et Tiphaine maîtrisent aussi bien la préparation des bulbes à la main, que les techniques d’ébarbage et de tressage pour une bonne conservation.

Côté production, les terres de la Maison Quéméner sont divisées en deux parties à peu près égales. Une première partie de l’exploitation est labellisée 100 % Agriculture biologique, en maraîchage diversifié pour de la vente sur place. “Nous ne recherchions pas tant le label bio mais il est venu accréditer nos pratiques déjà en place depuis longtemps. Nous travaillons différents aspects dans cette logique, que ce soit la livraison à vélo ou la limitation des emballages plastiques.”

La deuxième partie du terrain concerne la production d’oignons. “L’Appellation d’origine protégée (AOP) Oignon de Roscoff nous impose des rotations de 3 ans dans nos champs, mais nous visons plutôt les 5 ans. Cela limite les risques de maladie et garantit un produit de qualité, qui se conserve mieux. Pour cela, nous procédons à des échanges de terres avec nos voisins pour permettre ces plus longues rotations. Tout en limitant l’impact de la saisonnalité de notre production, nous valorisons l’écosystème local”.

Selon les principes d’une agriculture raisonnée, Eric pratique un entretien réduit des sols limoneux et un désherbage manuel, limite les intrants et favorise un arrosage naturel, sans irrigation. La ferme utilise ses propres semences, puis les oignons poussent et sèchent en plein champ, avant d’être ramassés manuellement ou mécaniquement. Grâce à une bonne préparation, la Maison Quéméner assure une longue conservation sans anti-germinatif.

Tous les résidus, peaux et racines, ont une deuxième vie et sont utilisés comme compost.

 

Privilégier la relation directe avec les clients

“Nos clients sont composés de particuliers comme de professionnels. À son époque, mon père vendait tout à la coopérative locale. Au vu de la taille de la ferme, ma sœur et moi souhaitions travailler différemment et avons fait le choix de tout vendre en direct dès notre reprise. Une grosse part de notre production se vend sur l’exploitation, pour les particuliers et les professionnels de la région. Cela nous permet de conserver la main sur nos prix et de valoriser nos oignons en les vendant nous-mêmes.” Présents toute l’année sur l’exploitation pour assurer les différentes étapes de production, de récolte, de tressage ou de conditionnement, Eric et Tiphaine ouvrent à la vente du lundi au samedi, en continu sur l’année.

Dans la même logique, ils ont aussi fait le choix de la vente en ligne pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer. Cette activité représente aujourd’hui 20% de leurs ventes globales. « Nous expédions des colis d’oignons partout en France et environ 10% en Zone Euro, essentiellement dans des pays limitrophes (Grande-Bretagne, Allemagne, Bénélux…). Nous avons mis en ligne notre propre site web et sommes référencés sur des plateformes comme Pourdebon.com et Crowdfarming.com. Cette dernière valorise notamment les “consommacteurs” qui peuvent adopter des mètres carrés de parcelles et en recevoir la production. Certains clients, la plupart allemands, viennent ainsi nous voir directement sur nos terres pour voir leurs oignons !” Toutefois, les agriculteurs ne cherchent pas à développer ces ventes en ligne : “L’objectif est vraiment de conserver un lien direct avec nos clients.”

 

Des oignons livrés à vélo sur Paris

En plus des particuliers, la Maison Quéméner fournit des métiers de bouche en direct, principalement des restaurants sur Paris. “En clin d’œil aux Johnnies qui se déplaçaient beaucoup à vélo en Grande-Bretagne, nous organisons chaque mois nos livraisons sur Paris en reprenant cette tradition. Je fais livrer une palette d’oignons dans le Xe arrondissement et sur place, je loue un vélo-cargo pour faire mes tournées et livrer chaque restaurateur partenaire. Pour les plus éloignés, nous répondons aux demandes de connaisseurs qui recherchent spécifiquement ce produit, mais nous ne démarchons pas, au vu des frais de transport de nos oignons”. Plus récemment, les épiceries fines se montrent également intéressées par les produits transformés.