Quel bilan technique pour le Vendée Globe ?
Eurolarge Innovation a proposé en avril deux visio-cafés Bretagne Sailing Valley® pour dresser le bilan technique du Vendée Globe. Le second, qui a eu lieu le 21 avril, s’est penché sur les enseignements tirés par les teams dans divers domaines (électronique, voiles, ergonomie…) Trois intervenants y ont participé : Pierre-François Dargnies, directeur technique du Charal Sailing Team, Jean-Charles Monnet, son homologue au sein du team voile Groupe Apicil, et le skipper Romain Attanasio (14e sur Pure-Best Western).
Visio-Café #2 :« Électronique, pilote, gréement, vie à bord… La parole aux experts des teams »
Electricité/électronique/pilote automatique
Dans le domaine crucial des pilotes automatiques, les trois intervenants se sont montrés globalement satisfaits des solutions choisies. Selon, Jean-Charles Monnet, Damien Seguin était « très content du pilote NKE, équipé de la dernière version du processeur HR, qui, notamment sur les modes « target », barrait comme un barreur les yeux fermés », les seuls problèmes rencontrés étant liés à de la connectique et à des problèmes d’étanchéité.
De son côté, Romain Attanasio, équipé d’un pilote B&G doté de la nouvelle centrale inertielle H5000, n’a pas rencontré de problèmes majeurs, en dehors de la perte d’un aérien « sans doute mal fixé. »
Même satisfaction du côté du Charal Sailing Team avec le pilote B&G WTP, doté d’une surcouche conçue par Pixel sur Mer, « une super amélioration par rapport au précédent Vendée Globe », selon Pierre-François Dargnies.
Pour Romain Attanasio, la vraie priorité en matière d’électronique est le système de détection des objets flottants non-identifiés, utilisé pour la première fois sur le Vendée Globe : « Ce n’est plus possible de naviguer à la roulette russe, c’est le dossier principal à développer pour moi. »
Voiles/gréement/accastillage
Les trois intervenants ont tous raconté leurs lots de malheurs sur ce Vendée Globe : Jérémie Beyou a d’entrée arraché la cadène de renvoi de point d’écoute de voile d’avant de Charal, ce qui a entraîné des avaries en chaîne qui l’ont contraint à faire demi-tour après trois jours de course. « Cette pièce, qui avait fait l’équivalent de 20 000 milles, a cassé au pire moment », regrette Pierre-François Dargnies. Le skipper de Charal a également déchiré son J2, dont il a dû se passer pendant trois semaines dans le Sud. Ce qui fait dire au directeur technique : « On va repartir sur un tramage légèrement différent pour avoir des voiles un peu plus solides pour la suite. Le dossier voiles pour nous est prioritaire, d’autant que la nouvelle jauge ouvre des possibilités avec une quête de mât plus importante, on va adapter les formes à ce changement ».
Romain Attanasio a de son côté eu beaucoup de problèmes avec un hook de ris de grand-voile cassé dans la descente de l’Atlantique – « J’ai fait tout le tour du monde avec un ris dans la grand-voile » – la déchirure de son petit gennaker – « ce n’était pas le bon grammage » – mais aussi du grand. Conclusion : « Ces bateaux sont très gros pour un mec tout seul, il faut vraiment bien connaître son bateau et intervenir dès que tu as un problème, car tout s’enchaîne très vite. »
Du côté d’Apicil, Damien Seguin a également déchiré ses deux gennakers, mais l’équipe s’est félicitée du choix d’embarquer une voile d’une surface proche de celle du J2, utilisée dans les mers du Sud, ce qui a permis de garder ce dernier intact pour la remontée de l’Atlantique.
Vie à bord
Tous les marins l’ont répété : la vie à bord des Imoca est parfois infernale. Pour Pierre-François Dargnies, Jérémie Beyou a souffert du bruit des foils, « invivable à long terme », et de l’humidité permanente, à cause du manque d’aération dans la zone de vie avec le cockpit fermé de Charal.
A bord d’Apicil, la casquette allongée a été visiblement appréciée – « On a un peu copié sur Charal, nous sommes assez contents du résultat », confirme Jean-Charles Monnet – tandis que Romain Attanasio, qui, pour alléger son bateau avait « passé trois ans à tout enlever », promet : « Niveau confort, c’était galère, je vais faire plus gaffe sur le prochain bateau. » En l’occurrence l’ex Malizia de Boris Herrmann qu’il vient de racheter grâce à l’arrivée d’un nouveau partenaire, Fortinet.
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