Les 20 et 21 juin 2023, la Bretagne des énergies marines renouvelables (EMR) sera présente au salon Seanergy. Au parc des expositions de Paris-Porte de Versailles, elle y dressera pavillon sous la bannière Bretagne Ocean Power. Avec le cluster Bretagne Pôle Naval, les ports de Brest et de Lorient et le site d’essais de Paimpol-Bréhat, 13 entreprises de technologies dédiées aux EMR seront présentes. Parmi elles, 4 fournisseurs de technologies dédiées à la cartographie et à l’imagerie témoin du savoir-faire de la région dans ces thématiques. Entre intelligence artificielle, imagerie spectrale, électromagnétisme et Tour d’horizon de ces offreurs de solutions aériennes et maritimes.
L’imagerie par les airs
WIPSEA dévoile les secrets de la faune marine grâce à l’IA
ChatGPT, Midjourney ou encore Dall-E… Ces solutions d’intelligence artificielle sont entrées dans le langage courant depuis quelque temps maintenant. Pourtant, le sujet de l’IA n’est pas nouveau. Des chercheurs travaillent dessus depuis plusieurs années déjà. Spécialisée dans l’analyse d’image, l’équipe de 5 salariés qui compose WIPSEA s’appuie dessus depuis 2013, en collaboration avec l’équipe Obelix de l’IRISA de l’Université Bretagne Sud, afin de réaliser le recensement digital de la mégafaune marine par les airs. « L’intelligence artificielle permet un gain de rentabilité en termes de temps, relève Gwénaël Duclos, CEO et fondateur de WIPSEA. Les photos prises par voie aérienne sont immenses, de l’ordre de 150 millions de pixels couvrant des zones de 200m X 100m avec une résolution de 1 à 2 cm par pixel. Le but est de rendre possible l’analyse des milliers de photos acquises lors d’un recensement par des observateurs en leur apportant une assistance. L’IA leur indique où regarder et leur propose un label pour l’espèce et le comportement. » Les chiffres le prouvent : l’IA analyse une photo en 30 secondes seulement. « Nous arrivons à sortir des cartes au bout de deux mois après validation des experts. »
En partenariat avec l’Avion jaune, qui se charge de la prise de vue aérienne, et de Cohabys, qui cartographie les données relevées par WIPSEA, l’entreprise répond aux appels d’offres des projets d’énergies marines renouvelables sous l’entité PIXSEA. Elle est ainsi intervenue sur la réalisation des parcs éoliens de Courseulles-sur-Mer et de Fécamp, avant les travaux. « En fonction de l’endroit où le site doit être placé, le nombre de survols évolue, notamment lorsqu’il est situé à proximité d’un parc marin. Les développeurs de parcs éoliens superposent les cartes de faune, de couloirs de vent et des fonds marins afin de trouver l’endroit le plus rentable avec le moins d’impact environnemental. »
Son drone WILDDRONE-PIXSEA a récemment été retenu par le réseau de recherche collaborative GIS EMYN mettant en lien les organismes concernés par l’éolien en mer. « Ce projet consiste en l’intégration de notre plateforme de prise de vue aérienne à haute résolution dans un drone à longue élongation en parallèle des suivis digitaux déjà commandé par le parc éolien. L’objectif est ainsi de démontrer que le drone, couplé à l’imagerie aérienne à très haute résolution et à l’intelligence artificielle peut donner des résultats comparables à ceux obtenus par les suivis digitaux aériens actuellement effectués. » La comparaison sera faite durant 4 vols effectués sur une année.
Hytech-Imaging détecte la mégafaune marine via l’imagerie spectrale
Basée à Brest Hytech-Imaging développe les usages de l’imagerie spectrale à destination de la cartographie marine. « C’est un mode d’imagerie particulier qui consiste, pour chacun des pixels d’une image, le spectre lumineux complet et pas seulement les trois principales couleurs rouge, vert et bleu », explique Marc Lennon son président et cofondateur. Pour le développement de projets d’énergies marines renouvelables, l’entreprise fondée en 2016 intervient à travers un système spécialement conçu. Intitulé STORMM (système de télédétection optique d’aide au recensement de la mégafaune marine) et développé en collaboration avec Pelagis, l’un des principaux observatoires français des mammifères et oiseaux marins, et France Énergies Marines, il embarque quatre têtes d’imagerie à haute résolution afin de répondre aux enjeux de l’observation de la mégafaune et de l’avifaune marine. Grâce à sa capacité de captation d’image sur une largeur de 400m, STORMM a ainsi parcouru les mers de la côte ouest pour aider à l’implantation des futurs sites EMR à Courseulles-sur-Mer (AO1), Dieppe-Tréport (AO2), Centre-Manche (AO4) et Sud-Bretagne (AO5).
Hy-Tech Imaging intervient sur l’intégralité d’un projet d’implantation de site éolien en mer. Des études préalables menées par l’État, notamment avec le programme Migratlane qui étudie les voies de migration des oiseaux, jusqu’aux travaux menés par les porteurs de projets privés. Une version dronisée ‘Solar Stormm’ développée en collaboration avec la société XSun, concepteur d’un drone solaire longue endurance, sera présentée sur le salon.
La cartographie par la mer
MAPPEM Geophysics exploite l’électromagnétisme pour la géologie et la détection d’obstacles
Créée près de Brest par deux docteurs spécialisés en électromagnétisme et en électronique, MAPPEM Geophysics mène des campagnes d’investigation du sous-sol marin pour en étudier sa géologie ou détecter des objets enfouis (roche, mines…).
L’entreprise aide ses clients à améliorer leurs connaissances sur les caractéristiques des milieux (porosité, proportion de sable, présence de gaz…) grâce à une méthode innovante d’imagerie de la résistivité du sous-sol. Cette technique aide à prévenir des dangers potentiels liés à l’ancrage des éoliennes ou le passage de câbles. MAPPEM Geophysics peut aussi intervenir dans le cadre de mesure de bruits électromagnétiques pour évaluer l’impact des champs éoliens sur l’environnement. « En fonction des projets, nous avons développé des solutions différentes. Avant le projet, nous examinons le sol afin d’avoir un aperçu de la géologie profonde et nous étudions la présence ou non d’obstacles, situe Andrew Weller, business development manager. Nous faisons également des mesures d’électromagnétisme ambiant qui consistent à effectuer un état zéro de la zone avant-projet, puis à mener de nouvelles mesures après l’installation du champ éolien pour en étudier son impact. »
Comptant 6 salariés, elle opère en France sur les sites de Saint-Nazaire, de Fécamp, ou encore site d’essais de Paimpol-Bréhat et à l’étranger sur des parcs éoliens aux Pays-Bas.
Quiet-Oceans, les oreilles des énergies marines
S’appuyant sur ses connaissances du monde militaire, l’entreprise brestoise Quiet-Oceans est spécialisée dans l’analyse de l’acoustique sous-marine pour mesurer ses impacts sur la biodiversité. Fondée en 2010, l’entreprise développe deux typologies de produits. D’abord, elle met en place un système de monitoring avec l’installation d’hydrophone pour caractériser les différentes sources de bruit. Afin d’en réaliser la cartographie, son équipe informatique développe une solution de modélisation du bruit sous-marin. « Notre plateforme est connectée à des bases de données océanographiques. Elle nous permet de déterminer quelles vont être les conditions de propagation des ondes acoustiques sous l’eau et elle nourrit la connaissance des services de l’État ou d’autres secteurs », relève Carl Bois, son directeur commercial.
Lors d’un projet éolien en mer, Quiet-Oceans applique son expertise pour comparer l’impact des travaux sur les niveaux de bruit perçus sur un site et la fréquentation des espèces. Lors de la construction du champ, ses équipes positionnent des bouées pour mesurer le niveau de bruit et informer, en temps réel, l’opérateur afin qu’il s’adapte et reste dans les standards environnementaux soit aux alentours de 160db marins pour la France.