Interviews, Enquêtes, évènements incontournables et les actualités des adhérents d’Eurolarge Innovation… Tous les trimestres, la Bretagne Sailing Valley® News traite l’actualité économique et technologique de la voile de compétition bretonne. Découvrez ci-dessous l’interview de Tanguy Le Bihan.
Architecte naval de formation, Tanguy Le Bihan a lancé il y a cinq ans Foil & Co. Cette société bretonne, spécialisée dans la fabrication de foils et de planches pour la voile légère, est en pleine croissance, le marché ayant explosé en 2020, en raison notamment de la crise sanitaire. Explications.
Pouvez-vous nous raconter la genèse de Foil & Co ?
J’ai créé la société en septembre 2016 avec un associé, Thierry Pen. J’étais alors architecte naval, essentiellement dans le domaine du bateau à moteur, et un peu comme un informaticien découvrant le web, j’ai été interpellé par l’arrivée du foil sur tous les supports nautiques. Je me suis dit que je ne pouvais pas me permettre de rater ça. L’idée, dès le départ, pour gagner en agilité, a été de créer un bureau d’études couplé à un centre de prototypage, pour nous lancer ensuite dans de la production plus industrielle. Ce que nous avons fait en commençant la fabrication de foils en série dès 2017. Depuis, nous n’avons fait qu’accélérer la cadence et, aujourd’hui, notre rythme moyen de production est de 15 foils par jour.
La crise sanitaire ne vous a pas impactés ?
Au contraire, elle a tout chamboulé, mais dans le bon sens pour nous ! Pendant le premier confinement, les gens se sont rendu compte qu’ils n’allaient pas trop pouvoir voyager et que c’était chouette de sortir sur l’eau. Ils se sont alors mis à investir dans des supports de glisse légers et depuis, nous connaissons une explosion de la pratique et des ventes. Par-dessus s’est greffé un nouveau sport qui cartonne, le wing foil. Aujourd’hui, sur 15 foils vendus, 12 le sont pour le wing, 3 pour le windsurf, la tendance s’est complètement inversée. On estime que le wing va être un sport massif, plus gros que le kite. Tu peux le pratiquer n’importe où, par tous types de vent, de 6 à 60 nœuds, dans les vagues ou sur mer plate, et surtout, c’est très accessible et facile à mettre en œuvre.
Cette croissance se ressent-elle sur votre chiffre d’affaires et vos effectifs ?
En 2019, on faisait 1,3 million d’euros de chiffre d’affaires ; en 2020, on a fait 1,2 million sur seulement 7 mois travaillés à cause du Covid ; cette année, on devrait tripler ce chiffre ! Au niveau des effectifs, nous sommes aujourd’hui 24 salariés sur notre site du Tréhou, nous embauchons encore 6 personnes d’ici la fin de l’année sur des fonctions supports. Dès le début, nous avons fait le pari de la relocalisation, ce qui n’était pas trop à la mode il y a cinq ans, mais nous a permis d’être reconnus l’année dernière comme la première TPE en Bretagne élue au plan de relance Territoires d’industrie. Grâce à ce dispositif, nous allons pouvoir développer nos moyens de production : comme nous sommes très à l’étroit dans nos locaux, nous réfléchissons à diverses solutions pour s’agrandir, il faut au moins doubler la taille du site. On a notamment pour objectif de construire une usine de planches, avec des technos complètement différentes, dans un objectif de développement durable, un vrai sujet pour nous. Par exemple aujourd’hui, on produit moins de 5% de déchets en composite, notre but est d’arriver à 0%. On travaille aussi fortement sur la diminution de la consommation énergétique de nos systèmes de presse, l’idée est d’économiser 30% par rapport aux systèmes classiques.
Foil & Co n’est dédié qu’à la glisse ou êtes-vous intéressés par des supports plus grands, comme des voiliers de course au large ?
Nous travaillons aussi pour des équipes Imoca, celles de Jean Le Cam, de Damien Seguin et de Stéphane Le Diraison, mais pas sur des foils, sur des pièces usinées, comme des chandeliers, des supports de constrictor ; on fait aussi beaucoup de padeyes carbone avec Ino-Rope à Concarneau, on essaie d’être curieux et de faire autre chose à côté, sachant que le foil représente 90% de notre activité aujourd’hui. Pour l’instant, les plus gros foils qu’on ait construits – des foils en T pour des catamarans suisses – mesuraient 3 mètres et on pense être capables de fabriquer de plus grosses pièces. Mais pour ce qui est de l’Imoca ou autres, il y a des acteurs très spécialisés en Bretagne, on ne peut pas être sur tous les marchés et trop gourmands.
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