Interviews, Enquêtes, évènements incontournables et les actualités des adhérents d’Eurolarge Innovation… Tous les trimestres, la Bretagne Sailing Valley® News traite l’actualité économique et technologique de la voile de compétition bretonne. Découvrez ci-dessous l’interview de Yann Guichoux.
C’est une petite révolution en matière d’observation océanographique qui s’opère depuis les bureaux d’eOdyn. À Plouzané (Finistère), cette entreprise spécialisée dans le numérique travaille sur un procédé d’analyse algorithmique qui mesure en temps réel les courants marins de surface avec une précision dépassant celle offerte par les satellites de la Nasa. Explications avec Yann Guichoux, son fondateur.
Quelle technologie se cache derrière eOdyn ?
Il s’agit d’un procédé numérique qui permet de mesurer les courants marins en analysant le trafic maritime. On récupère les données de géolocalisation des navires et on les mouline avec nos algorithmes pour calculer les courants de surface. Cette idée ne date pas d’hier : les premières cartes du Gulf Stream produites par Benjamin Franklin dans les années 1800 reposaient déjà sur la navigation à l’estime. Mais j’ai pu lever des verrous techniques pour analyser avec précision les données AIS (Automatic Identification System) de quelque 100 000 navires qui parcourent simultanément la planète. Autant de points de mesure pour modéliser les courants de surface en temps réel, en haute définition, et à un coût très réduit.
Où en êtes-vous dans votre développement ?
Après avoir breveté cette technologie qui mêle big data et intelligence artificielle, j’ai lancé l’activité, en mode start-up, en décembre 2015. Puis, j’ai été rejoint par un investisseur, même si je reste seul aux manettes de manière opérationnelle. Nous avons bénéficié d’une importante levée de fonds en 2017. Depuis, nous nous inscrivons progressivement dans un développement plus organique autour d’une équipe d’une dizaine de personnes à forte composante R&D dans la télédétection, l’océanographie et l’analyse statistique.
Quelles sont les applications concrètes de votre procédé ?
La première est liée au routage dans le transport maritime, à travers l’optimisation de la navigation dans les courants pour réduire la facture énergétique et les émissions des navires. Nous travaillons actuellement sur la mise en place d’un service global de routage, qu’on appelle SeaWaze. On a déjà établi des partenariats avec Brittany Ferries et CMA-CGM. Nous proposons également un service de monitoring dans le domaine des énergies marines. On fournit des cartes des courants qui permettent de sécuriser les opérations offshore. Ces observations sur les masses d’eau et les tourbillons, qui interfèrent sur les signaux sonars, intéressent un troisième secteur clé, celui de la défense.
Et les nouvelles perspectives ?
Avec une telle technologie qui lie océans, espace, innovation et technologie, il s’agit de résister à la tentation de la dispersion ! Pour autant, on s’intéresse à de nouvelles expérimentations : la lutte antipollution avec le traçage des nappes de carburant, le sauvetage en mer, ainsi que la mesure du changement climatique. Et comme les courants marins sont notre marque de fabrique, nous étudions aussi la possibilité de proposer nos services à des équipes de course au large qui pourraient être intéressées par notre expertise en la matière pour améliorer leurs performances en termes de navigation. Nous sommes par exemple capables de leur fournir des informations à haute résolution spatio-temporelle dans des zones où il y en a très peu, comme, par exemple, le Pot-au-noir ou les mers du Sud. C’est une piste à laquelle nous réfléchissons, mais plutôt à horizon 2023.
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